La révolte des Arves

   La révolte des Arves

   Parmi les épisodes marquants de l’histoire de la Maurienne le plus populaire est peut-être bien celui de la révolte des Arves ! A tel point que notre comédien mauriennais, Daniel Gros, en a fait une pièce jouée avec grand succès durant l’été 2011. Une pièce truffée d’anachronismes volontaires, destinés à déclencher le rire, mais peut-être pas plus loin de la vérité que certaines élucubrations prétendument historiques. Par exemple cet extrait de la Maurienne par les Instituteurs : « Les Arvains, écrivaient-ils, profitèrent de la circonstance suivante : dix-huit mariages furent célébrés à la fois, un jour de l’été 1328. Après les cérémonies, les hommes de l’évêque vinrent réclamer les épouses… Ainsi le voulait le droit barbare de cette époque. »

   Ceci nous a poussé à reprendre l’histoire de cette jacquerie en nous fondant sur le seul document authentique concernant cette affaire : le préambule du traité de Randens en 1327, mais aussi d’autres documents faisant état de plusieurs révoltes antérieures.
Enfin nous avons resitué cette affaire, dont le comte est évidemment le grand gagnant puisqu’elle lui permet de réduire le pouvoir temporel de l’évêque, dans un mouvement général de reprise de contrôle par le pouvoir central, à l’image de ce qu’a commencé en France, quelques années plus tôt, Philippe le Bel.

   La révolte des Arves n’est donc pas un cas isolé, mais elle est sans doute un modèle exemplaire dans la mesure où elle mêle une jacquerie à une manœuvre politique plus maligne et réfléchie, aboutissant au renforcement du pouvoir central, au détriment d’une population paysanne qui est bien le dindon de la farce.

Pierre Dompnier