Charles-Félix, duc de Genevois (1765-1831), roi de Sardaigne (1821-1831). Sa vie, son règne.
Descendant direct d'Humbert 1er, dit Humbert-aux-Blanches-Mains, Charles-Félix, né à Turin, le 6 avril 1765, est le onzième enfant du roi Victor-Amédée III et de Marie-Antoinette Ferdinande de Bourbon. S'il a été roi de Sardaigne de 1821 à 1831, c'est un peu par hasard et un peu contre sa volonté :
- Roi un peu par hasard, parce qu'à sa naissance rien ne permet de penser qu'il pourrait un jour monter sur le trône. En effet, il a trois frères plus âgés que lui : Charles-Emmanuel qui régne de 1796 jusqu'à son abdication en 1802, et qui n'avait pas d'enfants; Victor-Emmanuel qui régne de 1802 à 1821 et n'avait que des filles; Maurice, duc de Montferrat, mort en 1799 sans descendance.
- Roi un peu contre sa volonté parce que très croyant, il était plus porté sur la religion que la politique. Il serait volontiers entré dans les ordres si son frère Victor-Emmanuel 1er ne l'en avait dissuadé parce qu'avec lui la branche ainée de la Maison de Savoie allait s'éteindre. Renonçant à sa vocation, il épouse Marie-Christine de Bourbon, de laquelle il n'aura aucun enfant.
Charles-Félix passe les premières années de sa vie à Turin. Jusqu'à l'âge de six ans, son éducation est confiée aux soins de la comtesse Radicati, puis ensuite au comte de Salmour qui était assisté de l'avocat Pischeria et de l'abbé de Saint-Marcel. Pendant sa jeunesse, il vient à deux reprises en Savoie : en 1785 et en 1787. Il en profite pour visiter l'abbaye d'Hautecombe qui était en cours de restauration depuis son grand-père le roi Charles-Emmanuel III. Après l'invasion de la Savoie en septembre 1792, Charles-Félix prit part aux expéditions qui devaient permettre aux troupes sardes de reconquérir la Savoie. Malheureusement, il n'en fut rien et en décembre 1798, les Français envahirent le Piémont et prirent Turin. Avec sa famille, il quite Turin pour se rendre sur l'ile de Sardaigne et s'installe à l'évêché de Cagliari et y restera jusqu'en juillet 1817, en qualité de vice-roi. Le 6 avril 1807, il épouse à Palerme, Marie-Christine de Bourbon, fille du roi de Naples "Une princesse d'un caractère aimable et gracieux et d'une piété peu commune".
Après son retour à Turin et jusqu'à son accession au trône, Charles-Félix et son épouse vont se consacrer aux oeuvres de charité. Ils firent de nombreux dons, parfois importants, aux églises et aux institutions religieuses. En mars 1821, la Révolution éclate en Piémont et plutôt que de combattre les insurgés, le roi Victor-Emmanuel 1er abdique dans la soirée du 12 mars et laisse la couronne à son frère Charles-Félix. Les Savoyards, les Niçois et les Génois n'ayant pris aucune part à cette révolution, il fera dans ces trois provinces de nombreux et longs séjours, ce qui lui permet de fuir Turin et les Piémontais, pour lesquels il ne semble avoir aucune sympathie. Pendant son règne, Charles-Félix va entreprendre de grandes réformes dans de nombreux domaines : l'enseignement, les hypothèques, le corps des carabiniers...
Le roi meurt le 27 avril 1831 au Palais Madame de Turin à l'âge de soixante-six ans. Selon ses volontés, Charles-Félix est enterré à Hautecombe qu'il avait racheté sur sa cassette personnelle en 1824 et fait restaurer par le chevalier Ernesto Melano. Son épouse la reine Marie-Christine le rejoindra après sa mort survenue le 12 mrs 1849.
Yannick Grand
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