Une grande oubliée de la Grande Guerre : la TSF.
Pour sa conférence du mois de mai, et dans le cadre des commémorations du 100e anniversaire de la Grande Guerre, la Société d'Histoire avait fait appel à un spécialiste de la question. Michel Amoudry en effet n'est pas seulement une personnalité politique d'Annecy, il est président des Amis du Vieil Annecy, membre titulaire de l'Académie de Savoie et, en 1993, il a publié un gros ouvrage : le général Ferrié et la naissance des transmissions et de la radiodiffusion, couronné par le prix du Comité d'Histoire de la Radiodiffusion, remis par Alain Decaux. Il est lui-même maintenant membre de ce comité.
C'est par un rappel des origines mauriennaises du général Ferrié et de son attachement pour Saint-Michel et Saint-Jean-de-Maurienne qu'il ouvrait son propos, insistant sur le fait que Ferrié n'est pas l'inventeur de la TSF, fruit de découvertes collectives, mais il l'a mise en œuvre et ses apports dans la radioélectricité sont reconnus dans le monde entier. Les urgences de la guerre ont sans doute accéléré les nécessaires progrès scientifiques.
Note importante : on confond souvent sous le sigle TSF la télégraphie sans fil, faite de signaux brefs ou longs (le morse) et la téléphonie sans fil, or en 1914 il n'est question que de la première, mais elle a été un moyen de communication qui a compté. Pourtant l'utilisation de la TSF de 1914 à 1918 a été très peu citée par les historiens. Il faut dire que Ferrié lui-même avait demandé à ses collaborateurs de maintenir le "secret défense". Mais si on a bien retenu le nom de déchiffreurs célèbres des codes allemands comme Georges Painvain, on a un peu oublié qu'il fallait d'abord capter les messages et c'est là qu'intervenaient les hommes de Ferrié. Leur rôle fut donc déterminant dans la première bataille de la Marne, pour réagir rapidement au changement de stratégie allemand, mais ils furent essentiels aussi dans le pilotage des dirigeables, ou le brouillage du pilote ennemi, dans les liaisons entre le front et l'arrière, les échanges de messages diplomatiques et bien sûr l'espionnage : ce sont eux qui ont permis de confondre Mata Hari.
Une conférence très enrichissante, une autre façon d'aborder le premier conflit mondial et la "réparation" sinon d'un oubli, du moins d'une trop grande discrétion de l'histoire.
Michel Amoudry
(résumé de Pierre Dompnier)
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