FRANÇOIS-EMMANUEL FODERE-ANTOINE MOTTARD :
deux enfants de la Maurienne face au choléra
Pierre Geneletti
Enregistrement audio de la conférence SHAM (virtuelle) du 30 mai 2020 ( 45 mn 03 s) :
François-Emmanuel Fodéré et Antoine Mottard sont nés à Saint-Jean-de-Maurienne. Ils ont une première partie de vie étonnamment semblable. Ils font leurs études primaires et secondaires au collège de la ville. Enfants pauvres, ils bénéficient d’un protecteur qui leur permet de faire des études de médecine à l’université de Turin. Cette période de leur vie est très difficile financièrement. Ce sont des enfants intelligents, avides de notoriété. La ressemblance cesse alors, François-Emmanuel Fodéré quitte sa Maurienne natale pour faire une carrière couronnée par un poste de professeur de médecine à la faculté de Strasbourg, Antoine Mottard revient à Saint-Jean-de-Maurienne où il poursuit une carrière réussie de médecin libéral, assortie de nombreux échecs sur le plan social. Sa notoriété reste locale. Tous deux publient plusieurs études médicales. L’un a son nom sur une place avec sa statue, l’autre dans une petite rue. Le public ne connaît pas l’origine de cette distinction. Antoine Mottard voue un véritable culte à son aîné. Il est à l’origine de l’érection de sa statue. Il existe une autre période de leur existence pendant laquelle ils s’intéressent à la même cause : les épidémies de choléra-morbus. François-Emmanuel-Fodéré rencontre la maladie vers la fin de sa carrière, Antoine Mottard la combat une première fois tout au début, puis deux autres fois quelques années plus tard. Il paraît intéressant de comparer l’action de ces deux médecins dans le cadre de la lutte contre cette maladie et de voir quelle influence François-Emmanuel Fodéré a eue sur son cadet.
I)-Mauriennais de naissance
François-Emmanuel Fodéré naît le 15 février 1764 et non le 8 janvier comme l’affirment certains de ses biographes, à Saint-Jean-de-Maurienne. Il est baptisé dans la paroisse de Notre-Dame, sous le prénom de Joseph-Benoît, prénoms de son parrain et de sa marraine. Il garde ce prénom jusqu’à la disparition en 1767 de son frère aîné Emmanuel-François. Il prend alors le prénom de François-Emmanuel[1]. Son père, Barnabé, dont la profession varie selon les auteurs de juge-mage à lieutenant du sénéchal de la province de Maurienne[2], était plus vraisemblablement propriétaire. Il décède peu de temps avant sa naissance. Sa mère, Marie-Nicolette Vectier est née à Saint-Jean-de-Maurienne le 6 mai 1735. François-Emmanuel est élevé par sa mère, femme tendre
[1] Gros Adolphe, « Le centenaire de François-Emmanuel Fodéré », Saint-Jean-de-Maurienne, Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne, 1933, Travaux de la Société, Tome VIII, 1ere partie, p. 146.
[2] Wagner Jules, « François-Emmanuel Fodéré professeur à la faculté de médecine de Strasbourg », 1814-1835, Rixheim, Imprimerie A. Sutter, 1889, 15 p. Extrait de la revue catholique d’Alsace, Nouvelle série, Vol. VIII, 1889, p. 48-57.
et dévouée[1], pauvre, laborieuse et sévère[2], termes qui masquent selon Bruno Berthier l’absence de naissance et de fortune[3].
Il fait ses études au collège fondé dans la ville au XVIe siècle par Mgr de Lambert (1567-1591). Dès son plus jeune âge, il donne des preuves d’un jugement solide, d’une passion pour l’étude, mais surtout d’une mémoire prodigieuse. Ses condisciples du collège racontent qu’il ne lui faut pas plus de temps pour étudier ses leçons qu’il ne lui en faut pour aller de chez lui au collège[4].
Pendant ses études, et peut-être avec l’appui de ses professeurs, François-Emmanuel attire l’attention et la bienveillance de l’intendant de la province de Maurienne, Alexis Vichard de Saint-Réal. Réformiste érudit, il est aussi un intendant soucieux de donner à la Savoie les professionnels compétents dont elle a besoin[5]. Il emmène en excursion le jeune Fodéré à travers la vallée afin de l’initier à la géologie, la minéralogie, la botanique et la physique, sciences qui lui sont chères.
Photo N° 1
Antoine Mottard dans sa Notice historique écrit : « Jugeant que cette petite plante était destinée à prendre un grand développement et à porter de bons fruits, il s’appliqua à l’élever. Il servit de protecteur et de père au jeune Fodéré[6] ». À l’issue de ses études, François-Emmanuel choisit la
[1] Ducros de Sixt Luc, Notice historique sur la vie et les travaux du docteur Fodéré, Paris, Imprimerie E.-J. Bailly, 1845, p. 6.
[2] Mottard Antoine, Notice historique sur la vie et les travaux du professeur Fodéré, docteur en médecine, Chambéry, Imprimerie de Puthod, 1843, p. 6.
[3] Berthier Bruno, « François-Emmanuel Fodéré et la Savoie : une influence réciproque ? », Saint-Jean-de-Maurienne, Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne, 2019, Travaux de la Société, Tome LII, p. 159-160, Colloque de Genève 26-28 novembre 2015. Doctrines, pratiques, savoirs et réseaux d’experts : des Lumières au début du XXe siècle.
[4] Mottard Antoine, « Notes biographiques sur quelques Mauriennais dignes de mémoire : Fodéré », Saint-Jean-de-Maurienne, Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne, 1879, Imprimerie Vulliermet, Travaux de la Société, Bulletin N° 5, 4e Volume, p. 390.
[5] Mansau Andrée, « Jacques-Alexis Vichard de Saint-Réal (1746, 1831) », Thonon, Académie Chablaisienne, 1978, Actes du XXVIIe congrès des Sociétés Savantes de Savoie, p. 197-201.
[6] Mottard Antoine, Notice historique sur la vie et les travaux du professeur Fodéré, docteur en médecine, op. cit., p. 7.
médecine. Il paraît curieux, vu le contexte du collège de Lambert, qu’il n’y ait pas eu de tentatives pour l’orienter vers la prêtrise. Le chanoine Gros dit « ’il se sentit attiré vers la médecine qu’il considère non seulement comme une révélation des merveilles de notre organisme, mais surtout comme un ministère sacré destiné à guérir ou soulager l’humanité souffrante[1] ». Le professeur Bruno Berthier modère cette motivation : « François-Emmanuel Fodéré opte-t-il vraiment de son plein gré pour la médecine dès lors que le gouvernement révise discrétionnairement et sans préavis le mode de répartition entre les différentes disciplines des sciences ou des lettres- et donc entre les différentes facultés- de la centaine de bourses d’études qu’il accorde aux étudiants modestes issus des provinces continentales du royaume , en fonction des besoins de l’appareil d’État en professionnels qualifiés ? Les prestigieuses carrières militaires demeurent le monopole de l’aristocratie au contraire de celles des juristes et des professionnels de santé, domaines dans lesquels les réformes amédéennes s’efforcent d’attirer les enfants de la bourgeoisie afin de contrecarrer l’emprise traditionnelle de la noblesse d’épée sur l’appareil d’Etat[2] ». Enfant sans ressources, il concourt pour une place au Collège des provinces de Turin, un institut où les jeunes gens pauvres peuvent suivre gratuitement les cours de droit, de théologie et de médecine. Pour y être admis, il faut passer un examen sur la rhétorique et la philosophie, mais aussi être présenté par le Conseil du chef-lieu de la province. D’après le billet royal de 1751, la ville ce Saint-Jean disposait de deux places, deux autres places étaient pour le reste de la province. En 1783, une place est vacante pour les cours de médecine ou de chirurgie. Fodéré se présente en même temps qu’un autre candidat, Louis Dupraz. Le 20 octobre, le Conseil choisit Louis Dupraz, bien qu’habitant Saint-Michel, car Fodéré pourtant natif de la ville n’est pas né de « parents assez honnêtes[3] ». Le terme honnête n’est pas utilisé à cette époque pour désigner un manque de valeur morale, mais simplement un rang social pas assez élevé. Les parents de Dupraz payent la taille et autres impositions, ils jouissent d’une certaine notoriété[4]. Exclu par le Conseil de ville, Fodéré trouve en la personne de l’intendant de Maurienne, un protecteur assez influent pour lui permettre d’intégrer le collège des provinces. Cette possibilité[5] est prévue dans le règlement du collège[6]. Fodéré intègre la faculté de médecine à l’automne 1783. L’enseignement y est gratuit, mais les frais annexes sont importants. Fodéré, qui donne toute satisfaction à ses maîtres, reste constamment tenaillé par les besoins d’argent. En 1786, il est obligé d’engager tous ses vêtements pour passer sa licence en médecine. Le 12 avril 1787, il reçoit son diplôme de médecin, il a 23 ans. Le roi Victor-Amédée, ayant entendu des propos élogieux sur lui, lui accorde une pension pour compléter ses études médicales par un séjour de trois ans à l’étranger. Il part à pied en juin 1787 pour étudier à la faculté de médecine de Paris, où il vécut « retiré et modeste, ne fréquentant que les hôpitaux, recherchant toutes les sources d’instruction, et se nourrissant des leçons des grands maîtres[7] ». Il se rend ensuite en Angleterre où il visite les hôpitaux de Londres.
[1] Gros Adolphe, « Le centenaire de François-Emmanuel Fodéré », op. cit., p. 149-150.
[2] Berthier Bruno, « François-Emmanuel Fodéré et la Savoie : une influence réciproque ? », op. cit., p. 104.
[3] Le règlement du collège précise que parmi les conditions requises pour les candidats, la première est « une pauvreté de leur famille, en matière qu’elle ne soit pas en état de leur fournir la subsistance purement nécessaire pour les entretenir à Turin aux études de l’université. Mais aussi que les candidats soient d’une naissance pure et honnête sans aucune tache de famille, soit du côté du père et de la mère, soit de celui des proches parents. L’on ne recherchera cependant aucune noblesse dans les susdits sujets », Gros Adolphe, L’instruction publique en Maurienne avant la Révolution, Saint-Jean-de-Maurienne, Imprimerie Salomon, 1916, p. 156-158.
[4] Gros Adolphe, « Le centenaire de François-Emmanuel Fodéré », op. cit., p. 150-151.
[5]L’intendant est particulièrement chargé, au cas qu’il reconnût que quelqu’un des sujets les plus propres à pouvoir mériter de ressentir les effets des grâces de S.M., eut été oublié ou malicieusement exclus, de tâcher d’en avoir les preuves suffisantes et de les faire parvenir au Protecteur du Collège.
[6] Gros Adolphe, L’instruction publique en Maurienne avant la Révolution, op. cit., p. 158.
[7] Mottard Antoine, Notice historique sur la vie et les travaux du professeur Fodéré, docteur en médecine, op. cit., p. 7et 8.
Antoine Mottard est né le 25 août 1806 à Saint-Jean-de-Maurienne. Il est l’aîné d’une famille de sept enfants. Son père, François Mottard, originaire de Bourdeau, est jardinier ; sa mère Jacqueline Vial est née à La Chambre en Maurienne. Baptisé le lendemain de sa naissance dans la chapelle du Collège Libre de Saint-Jean-de-Maurienne, alors église paroissiale, il fait ses études primaires puis secondaires à Saint-Jean-de-Maurienne, au Collège Royal dont le supérieur est le père Jourdain, le futur évêque d’Aoste. À la fin de ses études, il passe quelques semaines au Grand Séminaire, pendant lesquelles il se rend compte qu’il n’est pas fait pour la prêtrise. Il part alors à pied pour Turin, pour y suivre des études de médecine.
Enfant issu d’une famille aux revenus modestes, Antoine Mottard a la chance qu’un bienfaiteur, qui a remarqué ses aptitudes à l’étude, lui paye sa pension à Turin. Pendant ces années, il connaît de nombreuses privations. Il ne revient pas en Maurienne pendant toute la durée de ses études. Il quitte Turin le 11 juillet 1833, docteur en médecine et en chirurgie. Il a vingt-sept ans. Il va alors, avec une activité débordante, se dévouer au service de ses concitoyens et de sa ville natale[1].
La première partie de la vie des deux collégiens est marquée par une éducation rigide et profondément religieuse, qui leur permet pourtant d’échapper à la pauvreté en les conduisant à poursuivre des études universitaires. François-Emmanuel Fodéré cherche à échapper à cette forme de pensée, mais peut-être aussi aux idées professées par la monarchie de Turin en adhérant aux idées révolutionnaires et en s’engageant comme médecin dans les armées françaises. Il se marie en[1] Gorre Géry : « Le docteur Antoine Mottard. Bienfaiteur de Saint-Jean-de-Maurienne et fondateur de la Société d’Histoire et d’Archéologie », Saint-Jean-de-Maurienne, Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne, 1930, Tome XLII, p. 92-112.
1793 devant un prêtre insermenté[1]. Il ne renie pas sa culture chrétienne, rappelant qu’il « tient pour capital le rôle de la religion à la base de l’instruction, ainsi que le rôle prééminent de l’Église, de la Papauté, dans tout l’essor de la civilisation[2] ». Selon ses biographes, il vit et meurt en chrétien[3] : « Comme tous les hommes d’un grand caractère et d’un incontestable génie, il était profondément religieux. Si la médiocrité du savoir dans les sciences naturelles et médicales, conduit, quelques fois au matérialisme, toujours, au contraire, une instruction vaste, un jugement solide et les vues supérieures des bons esprits, ramènent à l’idée d’un être tout puissant, infiniment bon et juste, idée consolante et vraie qui est la base de toute religion. C’est à peine si j’ai besoin de dire ici que Fodéré mourut en chrétien sincère et vertueux[4] ».
II)-Ils écrivent sur le choléra[5]
« Aussi du plus loin que l’histoire du genre humain nous est connue voyons-nous des maux nombreux et souvent nouveaux non seulement assaillir des individus, mais encore décimer les masses, se répandre de province à province, d’empire en empire, faire le tour du globe en couvrant les lieux de leur passage de deuil et de dévastation, en suscitant en même temps mille superstitions et mille conjectures parmi les spectateurs étonnés, et parmi les médecins mille disputes et mille discordances, presque et souvent plus fatales que le mal lui-même dans toute sa fureur[6] ».
François-Emmanuel Fodéré et Antoine Mottard vont être, au cours de leur carrière, confrontés à cette nouvelle maladie épidémique que constitue le choléra. Fodéré en tant que professeur d’épidémiologie : il a connu le choléra sporadique quand il était médecin militaire, puis comme médecin des hôpitaux en Provence ; Mottard comme médecin libéral, au contact direct des malades, et comme médecin référent des épidémies en Maurienne. Tous deux vont écrire un rapport sur la maladie. Celui du Dr Fodéré est une livre de médecine, publié, qui recense toutes les publications sur le sujet, les causes de la maladie, ses propositions de traitement et la critique des thérapeutiques ou des opinions de certains confrères. Le Dr Mottard écrit un rapport qui est envoyé au préfet de la Savoie et à l’Académie de Médecine de Paris, dans lequel il raconte son expérience de praticien, ses doutes lorsqu’il voit que le même traitement permet de sauver un malade alors qu’il est inefficace sur un autre, il explique son propre traitement et, bien évidemment, donne de très nombreux conseils pour prévenir la maladie, ainsi que les mesures sociales à prendre dans ce type de pandémie. Fodéré praticien plus âgé et titulaire d’une chaire de médecine, est plus enclin à
[1] Insermenté : prêtre qui a refusé de prêter serment, qui n’a pas voulu se soumettre à la Constitution civile du clergé en 1790.
[2] Deffrennes Pierre, « Le Dr Fodéré précurseur méconnu des lois sociales (1764-2835) », 1935, Les cahiers de l’action populaire, N° 346, p. 1566.
[3] Rostaing Emmanuel, « François-Emmanuel Fodéré (1764-1835), Docteur en Médecine », Saint-Jean-de-Maurienne, Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne, 1956, Travaux de la Société, Tome XIII, p. 67.
[4] Ducros de Sixt Luc, Notice historique sur la vie et les travaux du docteur Fodéré, op. cit., p. 25-26.
[5] Choléra : cholé rheo, bile qui coule.
[6] Fodéré François-Emmanuel, Recherches historiques et critiques sur la nature, les causes et le traitement du choléra-morbus, d’Europe, de l’Inde, de Russie, de Pologne et autres contrées spécialement appliquées à l’hygiène publique, Paris, F.G. Levrault, 1831, p. 27.
réaliser une synthèse des connaissances sur le sujet, Mottard jeune praticien, parle de son quotidien et des enseignements qu’il en tire.
François-Emmanuel Fodéré prétend avoir rencontré le choléra pendant son séjour à Nice, dans la région des Martigues : « Pour moi quoique j’aie eu de fréquentes occasions dans les Alpes maritimes, dans la ville et les environs des Martigues d’observer cette grave maladie…[1]. ». Il ne s’agit donc pas du choléra-morbus épidémique, mais plutôt de choléra sporadique[2]. C’est ensuite lors d’une séance de l’Académie des Sciences de Paris du 22 novembre 1830, qu’il apprend qu’une épidémie de choléra-morbus sévit en Russie où elle fait des ravages effrayants. « En effet marchant à pas de géant de l’orient au couchant, et du midi au nord, cette maladie quoique observée de tous les temps n’avait pourtant jamais régné que sporadiquement et très peu d’une manière épidémique, n’attaquant à la fois qu’un très petit nombre de sujets, et sans aucun caractère contagieux, en sorte que, quoique je l’eusse déjà traitée plusieurs fois, cependant mon expérience de quarante-cinq ans, réunie à celle des écrivains de tous les siècles précédents ne m’avait pas appris que ce mal si grave et si promptement mortel, quand il est mal conçu et mal soigné, pût donner lieu en Europe à une épidémie des plus désastreuses[3] ».
Le docteur Mottard rencontre le choléra épidémique en 1835. Il est appelé à Gènes par un de ses anciens professeurs de la Faculté de médecine, pour l’aider à soigner les malades du fléau, car les médecins locaux ont quitté la ville. Dans ses Annuaires d’observations, le docteur Mottard dit en parlant de lui : « Le Dr Mottard part à ses frais pour le Piémont et Gênes pour y étudier le choléra morbus[4] ». Il n’hésite pas à parler de lui, parfois à la troisième personne, mais dans le but de montrer qu’une reconnaissance des autorités peut permettre d’obtenir la confiance de ses concitoyens[5]. Il sera à nouveau au contact de la maladie lors des épidémies de 1854 et de 1867.
III)-Les confrères
Fodéré et Mottard traitent de leurs confrères dans leurs écrits. François-Emmanuel Fodéré, professeur de médecine en fin de carrière, regrette les divisions de sa profession sur le caractère épidémique ou pas du choléra : « C’est donc une question de vie ou de mort pour un chacun de nous, de savoir au juste ce que c’est que le choléra-morbus, comment on peut s’en garantir et comment on peut en guérir ; s’il est simplement épidémique ou s’il est contagieux ? ». Il déplore qu’il soit impossible d’obtenir un consensus international : « Certes des questions aussi graves devraient être traitées devant un sénat de médecins de toutes les nations, ayant sous les yeux
[1] Fodéré François-Emmanuel, Recherches historiques et critiques sur la nature, les causes et le traitement du choléra-morbus, d’Europe, de l’Inde, de Russie, de Pologne et autres contrées spécialement appliquées à l’hygiène publique, Paris, F.G. Levrault, 1831, p. 69.
[2] Le choléra sporadique est un choléra indigène. Il diffère du choléra épidémique ou asiatique par le degré de violence de la maladie, Bouchut Eugène et Despres Armand, Dictionnaire de médecine et de thérapeutique Médicale et Chirurgicale, Paris, Editions Félix Alcan, 1895, p. 278-279.
[3] Fodéré François-Emmanuel, Recherches historiques et critiques sur la nature, les causes et le traitement du choléra-morbus, d’Europe, de l’Inde, de Russie, de Pologne et autres contrées spécialement appliquées à l’hygiène publique, op. cit., p. 33.
[4] Mottard Antoine, Annuaires d’observations faites à Saint-Jean-de-Maurienne, Chambéry, Imprimerie de Puthod, 1837, 2e année, 19 p.
[5] Dompnier Pierre, « Une ville et ses notables : Saint-Jean-de-Maurienne au XIX° siècle ». Moutiers, Académie de la Val D’Isère, 1990, Mémoires et documents, Tome XVIII nouvelle série. Actes du XXXII° congrès des Sociétés Savantes de Savoie, 1990, p. 160.
l’histoire de toutes les épidémies et, dépouillés des préjugés des diverses éducations médicales, assez de bonne foi pour se soumettre à l’évidence des faits, de manière à éviter le scandale des discordances. Un seul homme peut-il remplir cette tâche ? » Il s’élève contre une certaine tendance de la profession à pontifier pour masquer une insuffisance de formation ou de moyens thérapeutiques ; il demande d’éviter de tomber dans le populisme, conseils qui s’adressent autant aux particuliers qu’aux gouvernants : « J’indique les signes auxquels on doit choisir ou rejeter ceux à qui l’on veut confier ce que l’on a de plus précieux, sa santé et sa vie ; car le peuple n’y entend rien, et il ne s’adresse que trop souvent de préférence à ceux qui partagent ses préjugés, ses opinions politiques ou religieuses, qui le subjuguent par des mots qu’il ne comprend pas, par des théories nouvelles[1] ». Ce regard sur sa profession est très représentatif du Dr Fodéré, qui n’hésite pas à afficher ses convictions, son indépendance de caractère, et qui fait preuve d’une très grande modernité dans ses propos lorsqu’il regrette que ses confrères restent sur les connaissances acquises pendant leurs études, ne se « recyclent » pas, alors que les publications professionnelles existent, qu’ils cèdent aux modes ou aux pressions des politiques. Il déplore que la profession ne soit pas capable pour cette maladie de réaliser ce qu’on appelle actuellement une « conférence de consensus », c’est-à-dire, une réunion d’experts, au courant de toutes les expériences et de toutes les publications et capables d’en tirer une synthèse, un traitement à l’usage des confrères. Enfin, il fait remarquer que l’existence de plusieurs corps de santé, médecins, chirurgiens, barbiers, déroute les malades et limite l’action des médecins en cas d’épidémie.
Antoine Mottard parle de la situation journalière de ses confrères à deux niveaux, sans bien sûr oublier de donner des conseils aux gouvernants. Il parle d’abord de l’attitude de certains confrères lors de l’épidémie et des responsabilités de l’Etat : « On trouve mauvais, on trouve très mal que plusieurs médecins fuient à l’apparition du choléra. On a grandement raison, car, dans cette circonstance, le médecin doit savoir que sa frayeur centuple celle de la population au milieu de laquelle il vit et qu’il est la cause de grands maux. Il doit avoir à l’esprit qu’un médecin est un soldat et qu’une époque d’épidémie est pour lui un jour de bataille ; qu’il doit s’il le faut succomber à la brèche et mourir les armes à la main ; honte donc à celui qui prend la fuite ! J’en excepte toutefois le médecin âgé, le médecin malade et convalescent : à ceux-là je conseillerai de fuir. Ne pouvant être utiles ils s’exposeraient à succomber sans gloire[2] ». Il explique ensuite que si l’on veut que le médecin sacrifie son existence pour le bien public, qu’il reste inébranlable au poste d’honneur qui lui est confié, cette exigence des pouvoirs publics a une contrepartie : le gouvernement doit, en cas de malheur, accorder une pension viagère convenable à sa veuve et ses orphelins s’il est établi qu’elle n’est pas dans l’aisance, et pour un temps aux fils et filles en bas âge. La ville de Barcelone a adopté cette mesure, « il est toujours sage d’imiter ce qui est bien et dans ce cas c’est de la justice[3] ».
Dans une deuxième partie, son étude revient au niveau local. Il se plaint du manque de confrères, demande qu’on mette à leur disposition des moyens, dont la création d’hôpitaux pour cholériques dans chaque commune. Le médecin estime que ce n’est que par ces hôpitaux pourvus des remèdes de l’époque et de personnel dévoués aux malades que l’on pourra éviter de perdre les trois quarts
[1] Fodéré François-Emmanuel, Recherches historiques et critiques sur la nature, les causes et le traitement du choléra-morbus, d’Europe, de l’Inde, de Russie, de Pologne et autres contrées spécialement appliquées à l’hygiène publique, op. cit., p. 33.
[2] Mottard Antoine, « Du choléra et des médecins », Journal le Courrier des Alpes, 16 novembre 1865.
[3] Le Courrier des Alpes, Chambéry, journal du 13 octobre 1854.
des cholériques. « En effet, comment veut-on donner des secours utiles à un cholérique dans les communes qui ont des villages très éloignés et même dans les grands centres si le malade est obligé d’attendre une ou plusieurs heures que le médecin soit près de lui ? La maladie n’a-t-elle pas le temps de devenir incurable ? Et dans une épidémie de cette nature où les remèdes doivent être administrés avec promptitude, énergie, constance et intelligence, qui se chargera ou pourra se charger de le faire ? Le médecin ne pourra pas rester longtemps près d’un malade, il faudra qu’il coure à un autre, qu’il aille et vienne jour et nuit ; et quelle est la force humaine qui pourrait lutter des semaines entières contre une aussi rude besogne[1] ? »
IV)-Prévenir l’arrivée du choléra
Les deux médecins font un certain nombre de préconisations communes. Les causes prédisposantes dépendent des lieux, des vents, des saisons, des aliments et des boissons. Ils s’accordent pour dire que la maladie se montre ordinairement durant le règne des vents chauds : « Il est impossible de prévoir quand le choléra envahira nos provinces de Savoie. […] Néanmoins, la saison avancée dans laquelle nous sommes nous fait espérer que pour cette année, il est parvenu aux limites que rationnellement parlant, il ne saurait franchir. Mais qui peut nous assurer qu’après s’être assoupi pendant l’hiver, le choléra ne se réveillera pas menaçant au sortir de cette saison ?[2] ». Mais tous deux tempèrent cette affirmation, car l’épidémie qui a sévi en Russie n’a pas été freinée par le froid sibérien de l’hiver. La peur et toutes les passions tristes doivent être considérées comme une des principales causes prédisposantes, avec l’abus du plaisir des sens. « La peur ne se commande pas, et l’on ne parviendra jamais à la chasser de chez celui qui en est saisi et qui est d’un tempérament nerveux et délicat. La peur au commencement est un excitant fugitif du système nerveux, puis elle en devient le déprimant. De là, agitation continuelle, insomnie, mauvaise digestion suivie nécessairement du choléra et presque indubitablement de la mort[3] ». Ils recommandent d’éviter tout ce qui peut effrayer les populations, d’enterrer promptement les corps des cholériques et de porter une attention scrupuleuse à tout ce qui concerne les sépultures, en sortant entre autres les cimetières du centre des villes et villages.
De nombreuses autres réflexions communes alimentent leurs propos. L’importance de la misère et de la propreté, de la malnutrition, car, une alimentation insuffisante et peu tonique, a pour conséquence d’appauvrir le sang, mais aussi certaines infirmités qui ont pour conséquence de rompre l’équilibre entre l’action des absorbants et celle des exhalants, sans oublier un excès de sensibilité de certains organes et l’âge et le sexe[4].
Tous deux préconisent de ne pas sortir à jeun. François-Emmanuel Fodéré conseille de prendre un verre de décoction amère. Antoine Mottard propose du café ou du thé, ou une décoction de cannelle, d’absinthe ou de menthe.
S’il n’est pas possible de citer tous les points d’accord et de désaccord, deux autres sujets importants réunissent les deux médecins. L’importance de la pauvreté et de la fatigue physique.[1] Ibid.
[2] Le Courrier des Alpes, Chambéry, journal du 29 août 1854.
[3] Le Courrier des Alpes, Chambéry, journal du 10 octobre 1865.
[4] Fodéré François-Emmanuel, Recherches historiques et critiques sur la nature, les causes et le traitement du choléra-morbus, d’Europe, de l’Inde, de Russie, de Pologne et autres contrées spécialement appliquées à l’hygiène publique, op. cit., p. 86.
Fodéré écrit : « Ceux que nous avons vus atteints du choléra appartenaient tous aux basses classes, aux journaliers et aux ouvriers déjà d’un moyen âge, à des corps épuisés par la fatigue, n’usant que d’une nourriture végétale, mal logés et mal nourris[1] ». Dans son Essai historique et moral sur la pauvreté des Nations, il propose une économie dirigée pour le bien de toute la population, une meilleure répartition du travail et un bien-être social également plus largement partagé. Propos que l’on retrouve dans ses causes prédisposantes[2].
Antoine Mottard reprend sensiblement les mêmes préconisations : « Car, s’il est avéré qu’il va partout, chez le riche et le pauvre, il est bien connu que c’est ce dernier qu’il frappe avec plus d’intensité, parce qu’il est moins bien alimenté, moins propre et généralement moins sobre[3] ». Ce qui l’amène, alors qu’il visite, comme médecin référent, les nombreux chantiers en cours en Maurienne pendant le temps des épidémies, à observer les effets néfastes du travail du dimanche, qui prive les travailleurs d’un repos indispensable à la santé de leur corps et de leur esprit. « Celui qui consacre six jours de suite à sa besogne doit garder le septième jour pour sa famille, ses devoirs religieux ou même ses plaisirs. L’hygiène et la morale sont d’accord sur ce point comme tant d’autres et si l’on ne suit pas l’exemple que nous donne Dieu lui-même au commencement de toutes choses, la santé la plus docile se met rapidement en grève[4] ».
V)-Des conseils aux dirigeants
L’activité et l’indépendance intellectuelle des deux soignants, les amènent dans la situation épidémique du choléra, et devant ses conséquences, à proposer aux gouvernants des solutions personnelles, avec pour fonction première d’agir dans l’intérêt du bien public, attitude constante chez eux, même si elle n’est pas toujours perçue ainsi par leurs détracteurs.
François-Emmanuel Fodéré pense que l’attitude de la médecine et des médecins fausse l’action des gouvernements : « On décore du titre de médecine progressive, une médecine que j’appelle retardative, entourée à la vérité de beaucoup d’esprit, élément qui ne manque pas aujourd’hui, mais aux dépens du jugement et du bon sens, sur lesquels repose toute notre sécurité. C’est là l’origine des fautes nombreuses commises par les gouvernants et les gouvernés, des hésitations et des mesures incomplètes ou trop tardives prises contre le choléra. […] Peut-être la médecine prophylactique eut-elle fait plus de progrès si le bon sens et l’observation n’avaient pas toujours à lutter tantôt contre l’abus des sirènes physiques qui cherchent à s’introduire dans le gouvernement des êtres organisés, tantôt contre la suffisance des hommes à paradoxes, qui veulent à toutes force faire parler d’eux et tantôt contre les admirateurs routiniers de l’influence climatérique qui méconnaissent la puissance de l’intelligence humaine pour l’assainissement des lieux[5] ».
Antoine Mottard, toujours en faisant précéder sa proposition de la formule : « Je ne veux adresser au gouvernement, ni conseil, ni censure, ni blâme, loin de moi cette pensée ; je ne veux lui soumettre que des observations, des idées, si l’on veut et rien de plus », va pointer du doigt deux situations qui ne lui apparaissent pas comme convenables.
[1] Ibid.
[2] Fodéré François-Emmanuel, Essai historique et moral sur la Pauvreté des Nations, la population, la mendicité, les hôpitaux et les enfants trouvés, Paris, Huzard, 1825.
[4] Mottard Antoine, Rapport sur les épidémies de la Maurienne (Savoie), Choléra de 1867, Saint-Jean-de-Maurienne, par le Docteur Mottard Antoine, médecin des épidémies, Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne, Manuscrit de février 1868, 18 p.
[5] Fodéré François-Emmanuel, Recherches historiques et critiques sur la nature, les causes et le traitement du choléra-morbus, d’Europe, de l’Inde, de Russie, de Pologne et autres contrées spécialement appliquées à l’hygiène publique, op. cit., p. IX.
La première concerne l’activité des syndics des communes. Antoine Mottard sera maire de Saint-Jean-de-Maurienne de 1862 à 1865 : « Prévoyons, prévoyons à tout par mesures provinciales, communales et domiciliaires. L’initiative générale, la surveillance et le contrôle appartiennent au conseil sanitaire et à son président. L’action est du ressort du conseil délégué de chaque commune ; mais il nous faut des syndics intelligents, pleins de bonne volonté et d’une grande énergie ? Au syndic appartiennent les améliorations communales et domiciliaires. S’il le veut, il peut faire de grands biens à ses administrés et c’est malheureusement ce qui ne se fait pas et si l’on veut s’en convaincre, que l’on parcoure les communes et l’on verra ce qui a été fait[1] ». Mais il explique pourquoi la situation est mauvaise et il propose une solution. « Les syndics sont souvent à plaindre. Il faut excuser leur apathie qui n’est souvent qu’apparente, car l’état précaire de leur position, leurs rapports de parenté, de voisinage, d’intérêts, etc., les empêche de faire tout le bien, qu’ils désireraient.
[1] Le Courrier des Alpes, Chambéry, journal du 13 octobre 1854.
Dans ce cas, c’est à l’autorité supérieure de prendre l’initiative et c’est bien le cas ou jamais de faire du bien aux populations, même malgré elles. Plus tard, elles en seront satisfaites[1] ».
La deuxième s’adresse au gouvernement français qui destitue les fonctionnaires qui quittent leur poste par peur de la maladie : « Le gouvernement français veut que les employés, les fonctionnaires salariés et même quelques-uns qui ne le sont pas, comme les maires par exemple, restent à leur place, afin que, par leur présence, ils inspirent du courage et du calme aux habitants de la localité[2] ». Le docteur Mottard retrouve ses réflexes d’ancien élu et de médecin et explique que cette attitude n’est pas valable, car le but n’est pas atteint. Il explique qu’il connaît bien le choléra pour l’avoir déjà combattu trois fois, cherchant à lui arracher le plus de victimes qu’il est possible. Il estime que de renvoyer les gens qui quittent leur poste par crainte de la maladie est une erreur. « La peur est comme la faim, une mauvaise conseillère : si la faim vous fait commettre un vol pour la calmer, la peur vous pousse instinctivement à vous éloigner des causes qui la produisent. Bien souvent on m’a demandé quel est le meilleur moyen d’éviter le choléra. Ma réponse invariable a été et sera
[1] Ibid.
[2] Mottard Antoine, « Réflexions sur le séjour obligatoire des employés dans les villes atteintes du choléra », Saint-Jean-de-Maurienne, Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne, plaquette de 5 p., extraite du Courrier des Alpes du 10 octobre 1865.
toujours la fuite. C’est le seul spécifique. Il n’y en a pas d’autres [1]». Il préconise donc : « Ce qu’un gouvernement pourra faire de mieux quand le choléra s’abat sur une ville serait d’encourager l’immigration. […] Ceux qui ont de la fortune iraient au loin et ceux qui n’en ont pas et qu’il faut en pareil cas secourir à domicile se réfugieraient dans des endroits indiqués par l’autorité administrative locale qui les ferait camper dans des endroits exposés au bon air et logeraient comme des militaires en campagne, sous la tente. Après deux ou trois mois au plus et très souvent moins, le choléra n’ayant plus d’aliments à dévorer finirait par disparaître. Car, si la cause est apportée par l’air au début, elle est ensuite entretenue et développée par les miasmes que les cholériques émanent[2] ». Cette proposition, qui a pour but d’essayer d’éviter l’apparition de la peur, lorsqu’elle devient trop forte, la plupart des gens veulent quitter le périmètre dangereux, n’est pas sans risques. Les riches et les notables peuvent le faire, pas les pauvres ; un malaise s’installe chez ces derniers, qui peut tourner à la colère, voire à l’émeute. On en arrive à ce double phénomène connu en période d’épidémie, les nantis craignent les classes basses ; les plus démunis ressentent un sentiment d’impuissance face à la maladie dont les riches savent se prémunir, ce qui suscite un réflexe de défense qui les amène à les désigner comme les responsables de l’épidémie.[3] Antoine Mottard pense qu’un pays ne peut fonctionner normalement pendant une épidémie. Il préconise de laisser partir ceux qui ont peur, sans briser leur avenir, et de les remplacer par des hommes de bonne volonté que l’on récompenserait par de l’avancement ou de toute autre manière. Un employé contraint de rester à son poste ne peut pas travailler correctement sous l’emprise de la peur, souvent il tombe lui-même malade, laisse alors une veuve et des orphelins. Ces décès et les licenciements ne permettent pas de remettre l’administration en route rapidement une fois l’épidémie passée[4]. Il se permet même de faire quelques réflexions sur l’utilité des visites que les souverains et ministres font sur les lieux pour rassurer les populations et pourvoir aux besoins les plus pressants : « J’ai bien cordialement applaudi à leur dévouement, bien que, arrivés dans la matinée, ils en soient repartis dans l’après-midi du même jour. Ils ont prudemment agi tant pour eux que pour le public ; car si, par un séjour plus ou moins prolongé, ils avaient contracté la maladie et qu’ils y eussent succombé, qu’elle aggravation dans la panique générale ! ».[5]
VI)-Leurs traitements du choléra
Le choléra est souvent précédé le plus communément de lassitude, d’abattement, de vents, de picotements et de douleurs des membres, de sécheresse et d’engourdissement des doigts, de la paume de la main et de la plante des pieds, de gonflements d’estomac, de légères coliques, de salivation ou sputation[6] continuelle, d’une simple diarrhée[7]. Dans cette situation le Dr Mottard[1] Ibid.
[2] Ibid.
[3] Fabre Gérard, « Conflits d’imaginaires en temps d’épidémie », dans : Communications, 57, 1993. Peurs, p. 43-69.
[4] Mottard Antoine, « Réflexions sur le séjour obligatoire des employés dans les villes atteintes du choléra », op. cit.
[5] Le Courrier des Alpes, Chambéry, journal du 10 octobre 1865.
[6] Sputation : action de cracher sans interruption de la salive et des mucosités par la bouche, soit en raison d’une salivation abondante, soit du fait d’un tic nerveux
[7] Fodéré François-Emmanuel, Recherches historiques et critiques sur la nature, les causes et le traitement du choléra-morbus, d’Europe, de l’Inde, de Russie, de Pologne et autres contrées spécialement appliquées à l’hygiène publique, op. cit., p. 70-71.
préconise au malade de mieux se nourrir que d’habitude, de ne pas se fatiguer par un travail pénible et prendre toutes les six heures une pilule de sa composition : neuf centigrammes d’opium dans un extrait gommeux[1].
L’évolution sans traitement montre au bout de quelques jours l’apparition, soit après avoir pris quelques aliments solides ou liquides, soit même en étant à jeun, de vomissements et de selles qui éclatent avec une étonnante rapidité, tantôt à la fois, tantôt se succédant l’une à l’autre et se suivant sans s’arrêter, au point que les sujets les plus robustes sont bientôt abattus, pâles et ne savent plus ce qui se passait autour d’eux[2].
Le docteur Fodéré est partisan, pour son traitement, d’un produit qui fait relativement l’unanimité chez ses confrères, sauf en ce qui concerne les doses à utiliser : « Après avoir reconnu dans les premières occasions que j’ai eues de traiter le choléra, combien étaient peu indiquées et admissibles les émissions sanguines et les médicaments vomitifs et laxatifs, et m’être convaincu de l’utilité directe de l’opium, il me restait à faire un choix entre l’administration immédiate de cette sorte de spécifique et l’usage préalable de boissons délayantes convenables pendant quelques heures avant de donner le laudanum et je me décidai pour le premier parti. Lors de l’épidémie de choléra-morbus de 1802 à Nice, où l’on perdit beaucoup de monde par les délayants, les laxatifs et les lavements, on n’en perdit plus dès qu’on eut suivi le conseil que je donnais d’abandonner ces remèdes et de recourir de suite à l’opium[3] ». Dès que le malade va mieux, il faut empêcher le retour de la fièvre avec du quinquina[4].
Antoine Mottard utilise aussi l’opium, mais associé à un traitement de sa composition beaucoup plus sophistiqué. « Dès que j’avais affaire à un cholérique déjà atteint de diarrhée et vomissement, je lui faisais administrer dans l’intervalle d’une heure quatre ou cinq grands lavements d’eau bien froide qui étaient acceptés avec plaisir par le malade. Cette espèce de médication avait pour avantage de rafraîchir, de nettoyer, de tonifier en quelque sorte le bas intestin et de le préparer à recevoir et à absorber le remède, en lavement aussi que je faisais donner après. […] Dans la crainte, bien fondée du reste, que ces lavements ne vinssent à être rendus involontairement par le cholérique je lui faisais tamponner l’anus par quelque personne qui avait ordre bien formel de ne lâcher le tampon en linge que lorsque le malade n’éprouverait plus le besoin de l’évacuer ». Le traitement était complété par des pilules de sa composition, à base aussi d’opium et dans les cas où il y avait flux de sang, de sangsues à l’anus[5].
[1] Mottard Antoine, Rapport sur les épidémies de la Maurienne (Savoie), Choléra de 1867, Saint-Jean-de-Maurienne, par le Docteur Mottard Antoine, médecin des épidémies, Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne, Manuscrit de février 1868, 18 p.
[2] Fodéré François-Emmanuel, Recherches historiques et critiques sur la nature, les causes et le traitement du choléra-morbus, d’Europe, de l’Inde, de Russie, de Pologne et autres contrées spécialement appliquées à l’hygiène publique, op. cit., p. 70-71.
[3] Ibid., p. 215-216.
[4] Le quinquina est connu en Europe depuis le XVIIe siècle grâce aux pères Jésuites du Pérou qui en ramenaient à Rome, ville où sévissait un paludisme important, pour soigner les fièvres intermittentes des cardinaux. L’écorce de cet arbre contient plusieurs composés, dont la quinine. Cette propriété thérapeutique va entraîner une quasi-disparition de l’arbre. Les scientifiques vont alors mettre au point un composé synthétique : la chloroquine.
[5] Mottard Antoine, Rapport sur les épidémies de la Maurienne (Savoie), Choléra de 1867, Saint-Jean-de-Maurienne, par le Docteur Mottard Antoine, médecin des épidémies, op. cit., 18 p.
VII)-Les doutes et les certitudes
Le manque de moyens de diagnostic et de solutions thérapeutiques fiables amène nos compatriotes à exprimer des doutes sur leurs traitements et sur leur métier. François-Emmanuel Fodéré écrit : « Il faut après avoir saisi la nature de la maladie et l’état constitutionnel de chaque maladie, se rendre compte du pourquoi et du comment on va donner la préférence à telle médication. Ce n’est pas chose nouvelle qu’il n’est aucun médicament qui réussisse toujours et que l’administration du mercure et du quinquina exige très souvent des modifications[1] ». Antoine Mottard constate que certains malades guérissent après l’emploi de tel remède, alors que d’autres guérissent après l’emploi de remèdes totalement opposés. « Les résultats si peu satisfaisants de la médecine contre le choléra m’ont toujours humilié. Je m’explique ainsi, car c’est une vérité bien dure pour moi et probablement pour un grand nombre de mes confrères, si ce n’est même pour tout le corps médical qui a été appelé à se mesurer contre ce rude adversaire. Faut-il attribuer ces résultats à la nature ? Dès lors je me suis demandé s’il m’était permis à moi petit et obscur médecin d’une petite ville de sortir de l’ornière commune et de chercher un traitement nouveau, à mon usage seul ; c’est ce que j’ai fait et que j’aurais mieux expérimenté encore si j’avais pu appliquer dans un hôpital la méthode que je me suis faite. Notre ville en est bien pourvue d’un, mais je n’y puis mettre les pieds, en ayant été évincé pour des motifs politiques après vingt ans de service[2] ».
La question de la saignée trouve un terrain d’entente pour les deux médecins. Ils sont contre dans le traitement du choléra, même si elle est préconisée par de nombreux confrères. Le docteur Fodéré explique pourquoi, « Il est vrai que la saignée doit être considérée comme utile et même indispensable dans l’état de grande pléthore de tout le système ou dans celui d’inflammation de quelques tissus ou organe de l’intérieur ; mais cet état ne se présente pas dans le choléra sporadique ni épidémique. Si les médecins entraînés par une fausse théorie ou par une vieille habitude de saigner dans toutes les maladies veulent persister à regarder cette pratique comme une ancre de salut, je les invite à lire et à méditer un mémoire de M. Dance. Ils y verront près de quarante observations de ces fièvres traitées dans les hôpitaux de la capitale, où les émissions sanguines ont été pratiquées jusqu’à la fin et dans la période de stupeur[3] au moyen de centaines de sangsues, sans qu’on ait obtenu le moindre amendement dans les phénomènes de la maladie »[4].
VIII)-Mauriennais ou pas ?
Ils ne se sont pas connus dans la petite cité de Maurienne. François-Emmanuel Fodéré naît en 1764, Antoine Mottard quarante-deux ans plus tard en 1806. Le deuxième termine sa médecine à Turin (1833) presque au moment du décès de son aîné (1835). Fodéré, en 1792, tourne définitivement le dos à sa patrie, Antoine Mottard revient définitivement en 1835.
[1] Fodéré François-Emmanuel, Recherches historiques et critiques sur la nature, les causes et le traitement du choléra-morbus, d’Europe, de l’Inde, de Russie, de Pologne et autres contrées spécialement appliquées à l’hygiène publique, op. cit., p. 70-71.
[2] Ibid.
[3] Stupeur : état altéré de la vigilance caractérisé par la sidération de l’activité physique, l’abolition du mouvement et l’absence de réponse aux sollicitations extérieures non douloureuses. C’est le stade le plus léger de l’altération de la vigilance.
[4] Ibid.
Faute de documents, il n’est pas facile de dire si François-Emmanuel Fodéré est resté attaché à sa Maurienne natale. Antoine Mottard pense qu’il conserva toute sa vie un grand attachement pour son pays natal. Il cite une des filles du docteur Fodéré : « Permettez-moi, Monsieur de vous dire combien l’amour des habitants de Saint-Jean a été doux pour nous ; soyez, je vous prie, notre interprète auprès d’eux ; dites-leur que six pauvres orphelins bien malheureux les remercient du fond de leur cœur. Si l’âme de leur père peut avoir quelque connaissance de ce qui se passe ici-bas, je suis sûre qu’elle s’en est réjouie, car il aimait tant son pays ! Je l’ai vu mille fois tressaillir quand il entendait parler de la Savoie, et dans ses écrits il ne manquait jamais de citer le lieu de sa naissance[1] ». Vérité ou propos convenus en réponse à une lettre de condoléances. Bruno Berthier pense que, rapidement privé de parents, « plus rien ne saurait en effet l’attirer irrésistiblement dans ses montagnes natales, pour de pieux pèlerinages familiaux, une fois sa mère passée de vie à trépas ». Même dans ses correspondances avec quelques notables savoyards, « il ne fait montre d’aucune chaleur spécifique dans l’exaltation des mérites de sa petite patrie d’origine[2] ». François-Emmanuel Fodéré n’a jamais au cours de son existence, œuvré pour sa ville d’origine.
[1] Mottard Antoine, Notice historique sur la vie et les travaux du professeur Fodéré, docteur en médecine, Chambéry, Imprimerie de Puthod, 1843, p. 28.
[2] Berthier Bruno, « François-Emmanuel Fodéré et la Savoie : une influence réciproque ? », op. cit., p. 104-105.
Antoine Mottard revient à Saint-Jean-de-Maurienne dès la fin de ses études et n’en repart plus jamais. Il va dès lors essayer de se consacrer au bien-être de ses concitoyens avec plus ou moins de bonheur. Il consacre la majeure partie de son temps à la médecine, multiplie les conseils à ses concitoyens et, à côté, tente de participer à la création d’une station thermale à l’Echaillon, crée avec le chevalier Bonafous, un jardin expérimental, multiplie les expériences agricoles, participe aux comices agricoles, crée une bibliothèque, publie des Annuaires d’observation. Maire de Saint-Jean-de-Maurienne de 1862 à 1865, il commence à assainir les quartiers insalubres de la ville et entame les travaux pour la réalisation du bâtiment contenant la mairie d’un côté et le tribunal de l’autre. Enfin, en janvier 1856, il crée la Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne. La personnalité d’Antoine Mottard, semble avoir nui à sa notoriété. Elle est décrite par Charles Buet comme « Un monsieur tout habillé de noir, mais râpé comme un dix-huitième clerc d’huissier, omni savant, sentencieux, matérialiste et spirite, théologien consommé, médecin émérite, démocrate et socialiste, fort aristocrate en ses manières et libéral à la façon de ceux qui ne veulent de liberté que pour eux[1].
Bruno Berthier montre une autre facette du personnage : « Un libéral notoire, comploteur franc-maçon soucieux d’accéder à l’hôtel de ville, obstiné à montrer à Chambéry et à la morgue des vieilles élites nobiliaires qui y font l’opinion et l’humilient en lui refusant avec constance un fauteuil au sein de l’Académie de Savoie[2] », il ne dépassera pas le stade de membre correspondant. Antoine
[1] Buet Charles, Les bourgeois de Garocele, Limoges, Imprimerie Marc Bardou et Cie, SD., p. 36 et 52.
[2] Berthier Bruno, « François-Emmanuel Fodéré et la Savoie : une influence réciproque ? », op. cit.
Mottard envisage, même à l’origine, de faire de sa Société d’Histoire une « filiale » de la Société Savoisienne d’Histoire et d’Archéologie, société rivale, historique et politique de l’Académie de Savoie. Il essuie de nombreux échecs, dans sa tentative pour être officier dans la milice communale, il est évincé de son poste de médecin de l‘hôpital. Il ne passe que trois années comme maire. Il a plus de succès avec les administrations puisqu’il reçoit plusieurs décorations tant de l’administration sarde que française, alors que Fodéré n’en sollicite officiellement aucune et n’en reçoit pas. Fodéré sera membre de très nombreuses sociétés scientifiques et académies.
Il a sa statue qui trône sur une des places de la ville. S’il a eu une carrière professionnelle bien plus importante et plus honorifique que celle de Mottard, il n’a rien laissé dans cette cité. Il a eu la double chance d’avoir un admirateur en la personne de son confrère Antoine Mottard et de bénéficier d’une période où les villes commencent à élever des statues de leurs grands hommes qui ont contribué à la grandeur de la Nation, des hommes consensuels, dont on place la statue sur un piédestal, et qui doit être réaliste.
Antoine Mottard n’a droit dans sa ville qu’à une petite rue, une impasse presque, sa Société d’Histoire reste florissante, son portrait orne la salle de réunion de la S.H.A.M. et une salle du musée de la ville[1].
François-Emmanuel Fodéré voit ses deux fils embrasser la carrière de médecin. Il aurait laissé ses filles dans la misère : « Publiez, Monsieur, que les filles de ce savant, qui a sacrifié sa vie et sa fortune à l’accroissement de la science, que ses filles n’ont aucun appui ; et dites surtout qu’elles en sont fières, car elles aiment mieux être pauvres et porter le nom de Fodéré, que de vivre dans l’opulence, et de ne pouvoir se glorifier des vertus de leur père[2] ».
Antoine Mottard n’a qu’un fils qui embrassera la carrière ecclésiastique. Il deviendra le chanoine et prévôt du chapitre, Marcel Mottard.
[1] Dompnier Pierre, « Une ville et ses notables : Saint-Jean-de-Maurienne au XIX° siècle », op. cit., p 163.
[2] Ducros de Sixt Luc, Notice historique sur la vie et les travaux du docteur Fodéré, op. cit., p. 25.
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CRÉDITS PHOTO
Photo N°1 : Frontispice du Traité de Médecine légale et d’hygiène publique, Paris, Mame, 1813.
Photo N°2 : Photo du musée des costumes, Saint-Jean-de-Maurienne.
Photo N°3 : Archives Mottard, Société d’Histoire et d’Archéologie de Maurienne
Photo N°4 : Frontispice de la Notice historique sur la vie et les travaux du Docteur Fodéré, Ducros de Sixt Luc, Paris, Imprimerie E.-J. Bailly, 1845, 32 p.
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